I N T R O D U C T I O N
All images copyright © 2000-2025 Philippe Moisan. All rights reserved.
Au seuil des images
Photographe né dans l’univers du livre d’art, Philippe Moisan a grandi entre les images, les typographies et les récits visuels. Très tôt, il comprend que la photographie n’est pas un métier comme un autre, mais une manière d’habiter le monde. Ses débuts dans la mode et la publicité affûtent son regard, l’ancrent dans une maîtrise technique rigoureuse, nourrie par l’influence de Helmut Newton et l’esthétique cinématographique de Fritz Lang.
Mais le besoin de sens creuse une brèche. C’est à Marie-Galante que surgit une révélation : photographier, c’est non seulement regarder, mais apprendre à voir. C’est un art de présence. Une manière de se taire.
Installé en Asie du Sud-Est, il découvre une réalité plus dense, moins idéalisée que les fantasmagories occidentales sur l’Orient. Bangkok, les forêts du Japon, les temples oubliés de Thaïlande : ces lieux ne l’apaisent pas, ils le transforment. Sa photographie devient une traversée, non un refuge. Elle renonce aux certitudes, explore l’errance, les marges, les ruines, les seuils du sacré.
Aujourd’hui, Philippe Moisan compose des séries où la lumière, le silence, le béton, la nature ou l’abandon se répondent. Refusant les modes et les concepts, il cherche une beauté juste, organique, essentielle — « une poésie de l’impression » plutôt qu’un discours. Ses images ne donnent pas à voir, elles invitent à respirer, à suspendre le temps.
“Nous qui ne sommes
Que traces des signes
Faut-il vraiment
Que pour t'atteindre
Nous passions par tant de détours ?”
François Cheng.
At the Threshold of Images
Born into an art publishing family, Philippe Moisan grew up among books, typefaces, and visual stories. From an early age, he sensed that photography was not just a craft — but a way of dwelling in the world. His early work in fashion and advertising sharpened his eye and refined his technique, shaped by the influence of Helmut Newton and the cinematic tension of Fritz Lang.
But a deeper need emerged. On the island of Marie-Galante, a revelation struck: to photograph is not only to look — it is to learn to see. It is a practice of presence. A form of silence.
Settling in Southeast Asia, he discovered a more complex, less idealized reality than the Western fantasies about Eastern wisdom. Bangkok, the forests of Japan, the forgotten temples of Thailand: these places did not soothe him — they transformed him. His photography ceased to offer shelter; it became a journey. It moved away from certainty, into ruins, thresholds, and traces of the sacred.
Today, Philippe Moisan creates series where silence, light, concrete, wilderness and abandonment converse. Rejecting trends and intellectualism, he seeks an organic, timeless beauty — “a poetry of impression” rather than concept. His images do not explain; they breathe. They slow time.
We, who are nothing more,
Than traces of signs,
Is it truly necessary,
That in order to reach it,
We must go through so many detours ?
François Cheng
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